Des années folles…
pas si folichonnes au fin fond des campagnes !
Après « la première guerre » la vie s’écoulait tranquille dans nos campagnes au rythme des saisons. A la ville les hommes trouvaient du travail dans les nombreuses petites entreprises, qui deviendraient florissantes et même mondialement réputées. A la campagne la vie avait peu changé.
Rentrer chez soi c’était retrouver d’abord le poêle à pot.
A table, si on trouve un peu plus facilement de quoi se nourrir, les repas ne sont pas encore très variés : soupe de légumes et gros morceaux de pain. Le pot au feu est réservé au Dimanche. Mais le délice des « rosties » et des boulettes fabriquées à la maison ! Et quelles odeurs ! Mais l’art de tenir la « rostie » au bout d’une fourchette, de conduire le feu pour qu’il soit juste à point demandait un véritable apprentissage. Au repas du soir on avait parfois des œufs battus ou, fête !, un « sauret » accompagné de pommes de terre cuite « en robe des champs ». Mais le pain restait un des éléments essentiels de la nourriture. Le dessert ou le goûter des enfants était souvent fait d’une tartine …avec un peu de confiture…
Les fêtes, notamment religieuses, rythmaient la vie des gens. Il y avait aussi la ducasse ! l’école durait alors jusqu’au 31 Juillet !!! Et quand avait lieu la fête communale le cantonnier installait sur la place du village poteaux, fils de fer, guirlandes, lanterne…un orchestre montait sur le kiosque pour faire danser les gens. Mais dans l’immédiat après-guerre ceux qui avaient perdu des proches ne se joignaient pas à toutes ces réjouissances.
Le jeu de boules à brouette attirait aussi les spectateurs : 3 boules de bois sur une brouette s et 1 tour à faire avec les autres candidats. Ah ces tricheurs qui ramassaient 1 caillou en même temps que la boule pour tenter de la stabiliser…
En ce temps là il y avait aussi « la comédie » : on allait une fois par an à la représentation du théâtre amateur de la commune voisine. Il y eut après guerre beaucoup de comédies patriotiques, mais gare à celui qui jouait le rôle de l’espion allemand ! Sa vie devenait parfois difficile dans le village. Heureusement on abandonne rapidement ce type de représentations pour des vaudevilles …souvent criants de vérité !
Les veillées accueillaient les voisins venus la lanterne à la main, avec une buche bien sèche à mettre dans le poêle à pot. Elles étaient l’occasion de se retrouver pour échanger des nouvelles du village, car les maisons étaient souvent isolées. Etre ensemble tout simplement. En rentrant chez soi on savait écouter le silence, on le goûtait.
Avec la chandeleur les jours rallongent. On mettait la lanterne au clou, les femmes abandonnaient le raccommodage jusqu’à la Toussaint et les hommes reprenaient les outils de jardin.
Les hivers d’alors étaient rudes et les anciens savaient reconnaître à la direction du vent la neige qui allait tomber. Impossible d’oublier les vitres gelées , irisées, dont on grattait un coin pour admirer au loin un monde engourdi. Cela n’empêchait pas les enfants d’aller à l’école, tout heureux, le soir, de se chauffer les pieds contre le poêle, d’emporter une brique chaude pour chauffer le lit. Les temps ont bien changé !
Les carrioles étaient le moyen de transport habituel à la campagne. Le crottin que l’on s’empressait de recueillir après le passage des chevaux enrichissait d’ailleurs les jardins et leurs légumes.
Auguste Hanon évoque l’arrivée de l’automobile. Alors qu’on dit aujourd’hui de faire attention au trafic, il se rappelait sa mère lui disant « attention à l’auto », la seule de son village.
Oui la vie , dans les années 20, était simple, tranquille dans nos campagnes… mais on faisait avec ce que l’on avait ! Se contenter de ce que l’on a : une leçon de sagesse ? Ah les années folles !
Jean-François Gérard